Le Helsinki Committee de Norvège et l'Association Droits de l'Homme en Asie Centrale ont adressé deux lettres aux gouvernements de Biélorussie et de Moldavie pour les appeler à respecter leurs engagements internationaux, et à ne pas extrader deux activistes pacifiques tadjiks issus de l 'opposition vers leur pays d'origine, où ils risqueraient d'être torturés et soumis à de mauvais traitements.
La Moldavie et la Biélorussie sont des États parties des lois internationales sur la protection des réfugiés ainsi que de la Convention des Nations unies contre la torture. Les autorités de ces deux pays ne peuvent pas légalement extrader Sobir Valiev et Chabnam Khoudoïdodova vers le Tadjikistan où la torture reste une pratique étendue répandue.
Sobir Valiev est un militant politique pacifique et vice-président du mouvement d'opposition appelé «Groupe 24». Cette organisation a été déclarée illégale et qualifiée d '«extrémiste» au Tadjikistan. Sobir Valiev se trouve en prison depuis le 11 août 2015 en Moldavie où il s'était rendu pour des raisons professionnelles et personnelles. Il a été arrêté par la police moldave à l'aéroport de Chisinau alors qu'il s'apprêtait à prendre un vol pour Istanbul. Bien que Sobir Valiev soit devenu citoyen kirghizstanais en 2008 et ait renoncé à sa citoyenneté tadjikistanaise, Douchanbé a requis auprès des autorités moldaves son extradition. Les autorités tadjikistanaises accusent Sobir Valiev d'avoir lancé des «appels publics au renversement par la force de l'ordre constitutionnel», en violation de l'article 307 du Code pénal du Tadjikistan.
Pas d'extradition possible vers le Tadjikistan
Chabnam Khoudoïdova a émigré en Russie pour des raisons économiques. Au début de l'été 2015, après avoir appris qu'on prépare son enlèvement, elle fuit de Russie. Elle fut arrêtée et placée en détention en Biélorussie à la demande du Tadjikistan, et participe actuellement à la maison d'arrêts de Brest que les biélorusses rendent leur décision concernant son extradition vers son pays d'origine. Comme Sobir Valiev, elle est accusée d'avoir violé l'article 307 du Code pénal du Tadjikistan. Elle est également liée au «Groupe 24», bien que son appartenance à l'organisation n'a pas été confirmée. Chabnam Khoudoïdova est dans la ligne de mire des autorités depuis qu'elle a commencé, au début de l'année 2015, à critique ouvertement sur les réseaux sociaux le régime en place au Tadjikistan.
La pratique de la torture est très répandue au Tadjikistan, notamment dans les cas d'accusations d'atteinte à la sécurité nationale du pays et de «crimes extrémistes». Telles sont les accusations, politiquement motivées, portées à l'encontre de Chabnam Khoudoïdova et de Sobir Valiev. Si ces derniers sont extradés vers le Tadjikistan, ils seront vraisemblablement torturés.
Lire la lettre adressée au Ministre moldave de la Justice ici
Lire la lettre adressée au Ministre biélorusse de la Justice ici