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Jeu, Nov

Torture
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Cela fait 72 jours que le blogueur Ekhson Odinaïev, plus connu sous le pseudonyme de Sarafrozi Olamafrouz, a disparu.

Ekhson Saïfoulloïevitch Odinaïev est né le 12 juin 1991. Il a la nationalité tadjikistanaise.

Il est diplômé d'études secondaires, et vit depuis 2007 en Russie. Les premières années, il a participé à des événements culturels, organisé par l'ambassade du Tadjikistan à Moscou, et à des projets de défense des droits des travailleurs migrants tadjikistanais.

Quand Ekhson Odinaïev se heurta à l'injustice et à l'arbitraire du régime répressif d'Emomali Rakhmon, il devint un membre très actif de la société civile. Lors des dernières élections présidentielles, il vota pour un candidat alternatif, et commença à participer à des manifestations organisées par les chefs de l'opposition politique.

Puis, Ekhson Odinaïev devint un membre actif du mouvement de «La Jeunesse du Tadjikistan pour la Renaissance», qui fait partie de l'organisation politique du «Groupe 24».

Vaïssiddin Odinaïev a écrit dans sa dépo sition concernant la disparition de son frère Ekhson Odinaïev: «Le 19 mai 2015, Ekhson Odinaïev est sorti vers 18 heures de chez lui, 20 rue Tambovskaïa, à Saint-Pétersbourg, et se dirigeait supposément vers la pharmacie «Fialka» pour acheter le médicament «Aridzon» contre les inflammations oculaires. Il ne revint pas. Son téléphone portable ne répond pas et lui-même n'a donné aucun signe de vie. »

Cette déposition a été faite le 23 mai 2015 auprès du département du ministère des Affaires intérieures du quartier de Frounzen, à Saint-Pétersbourg. Depuis lors, les autorités ne se sont pas manifestées.

Quelques mois avant sa disparition, il avait secrètement emménagé dans l'appartement d'un ami.Des proches y ont découvert des dispositifs d'écoute. Selon eux, Ekhson Odinaïev avait fait plusieurs fois allusion, les derniers jours avant sa disparition, au fait qu'il était suivi par des personnes suspectes. Quand son frère et sa mère se sont rendus dans cet appartement après sa disparition, ils ont découvert que les lieux étaient illégalement perquisitionnés. Selon sa mère, Ekhson Odinaïev avait réussi à laisser des traces qui suggéraient qu'il avait disparu contre sa volonté.

Tous ceux qui connaissent personnellement Ekhson Odinaïev sont convaincus que les services spéciaux du Tadjikistan, qui étaient depuis longtemps à sa recherche, sont mêlés à sa disparition.La veille de sa disparition, le Tadjikistan avait émis un mandat d'arrêt international contre lui via Interpol sur la base d'accusation de cybercriminalité. Ces accusations, qui apparaissent plus que douteuses, semblent politiquement motivées. Beaucoup soulignent que ce jeune et impertinent blogueur irritait les autorités corrompues du Tadjikistan en les critiquant ouvertement.

Le nom de Sarafrozi Olamafrouza est très populaire sur Internet, notamment parmi les internautes tadjikistanais. Voici une liste non exhaustive de ses écrits sur les réseaux sociaux et des sites internet d'opposition:

https://www.facebook.com/anitdiktator.antidiktator?fref=ts
https://vk.com/guruhi24
http://www.tajinfo.org/peoplesarafroz/author/sarafroz
http://tajinfo.org/
http://www.tajinfo.org/peoplesarafroz/author/sarafroz Le Tadjikistan mène actuellement une campagne de répression sans précédent à l'encontre des opposants du régime d'Emomali Rakhmon. Les services secrets de ce pays utilisent dans ce cadre des méthodes illégales et cruelles:     

  • le chef du mouvement de «La Jeunesse du Tadjikistan pour la Renaissance», Maksoud Ibraguimov a été kidnappé en janvier 2015 à Moscou, et amené illégalement au Tadjikistan. Sous la torture, il a été contraint de reconnaître par écrit qu'il était revenu de sa propre volonté dans son pays natal. Le 24 juillet 2015, il a été condamné à 17 ans de prison dans une colonie pénitentiaire à régime sévère;
  • le chef de l'organisation d'opposition du «Groupe 24», Oumarali Kouvvatov, après avoir été victime de plusieurs tentatives de meurtre, a été empoisonné avec sa femme et ses enfants, avant d'être tué par une balle dans la tête en mars 2015 à Istanbul;
  • de nombreux partisans de chefs de l'opposition politique et voix critiques du régime ont été arrêtés ou kidnappés.

Les activistes tadjikistanais, même ceux qui ont obtenu la nationalité russe, quittent le territoire de la Communauté des États indépendants (CEI) et prévoient une protection internationale auprès d’états qui ont ratifié la convention des Nations unies relative au statut des réfugiés. Ils sont contraints de réagir ainsi en raison des actions des services secrets du Tadjikistan. Ceux qui restent en Russie, ou dans d'autres pays de la CEI, sont ensuite obligés de partir clandestinement. Ils ne croient plus que les avocats et les défenseurs des droits de l'homme peuvent les défendre. De nombreux activistes de la société civile du Tadjikistan, en particulier ceux qui vivent à l'étranger, ressentent un fort sentiment de désolation. Dans la panique,

L'Association Droits de l'homme en Asie Centrale - AHRCA est extrêmement inquiète suite à la disparition du blogueur tadjikistanais Ekhson Odinaïev. Nous appelons les autorités russes à garantir les conditions indispensables pour que cette affaire fasse l'objet d'une enquête impartiale et objective

Cette campagne massive qui vise à faire taire les voix critiques du régime d'Emomali Rakhmon peut expliquer l'inefficacité des mécanismes de défense des droits de l'homme au Tadjikistan et dans d'autres pays de la CEI. Une intervention urgente de la communauté internationale est indispensable pour rappeler au Tadjikistan de respecter les libertés et les droits de l'homme fondamentaux.